Bilal, un jeune migrant kurde d'Irak, vient d'arriver à Calais. Pour rejoindre sa fiancée en Grande-Bretagne, il veut traverser la Manche. Réalisant qu'il ne parviendra pas à franchir la mer en se cachant dans un camion, il se met en tête de traverser la Manche à la nage. Pour cela, il doit d'abord apprendre à nager. A la piscine municipale, il fait la connaissance de Simon, maître nageur, qui touché par ce jeune homme décide de l'aider. Au départ, il le fait surtout pour impressionner sa femme. Mais peu à peu, il se prend d'amitié pour Bilal, et s'implique dans son histoire...

 

Calais est filmée par Philippe Lioret comme un espoir et un cul-de-sac. On ne verra pas les centres de rétention, on ne verra que des rues, des quais, des docks. Dans des bureaux, des flics goguenards ; et dans des tribunaux improvisés, des juges indifférents, statuant à la va-vite sur des clandestins chopés en train de fuir. On en est là ? Ben oui, sans que nul ne s'en indigne vraiment, sinon par soubresauts, vite emportés dans l'oubli. Voilà ce que nous dit, nous montre Philippe Lioret, sans emphase ni condescendance. Ce n'est pas un pamphlétaire, Lioret, mais un philosophe : il sait bien que chacun a ses raisons, même s'il arrive que tout le monde ait tort... Son film, intense et beau, donne le frisson.

Pierre Murat, Télérama